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Affichage des articles associés au libellé Trans identité

La non-binarité

Mon abscence des derniers mois s'explique par une nouvelle adaptation. L'annonce de mon cadet de sa non-binarité.  D'abord, je voulais être certaine de bien intégrer toute la signifiation très nuancé de la non-binarité.  Pour Néo-fils, on est passé du noir au blanc plutôt facilement, changeant le "elle" pour le "il" ainsi que tout le reste du vocabulaire qualificatif. Sa personalité masculine très suggestive aide à faire cette transition puisque l'on a un homme devant soi, il devient donc évident d'en parler au masculin. Pour mon cadet, on est plutôt dans un arc-en-ciel de gris. De ce que j'en comprend, en ce moment, c'est que les aspects masculins de son corp - les sourcils, les biceps, la machoire - le rendent inconfortable, mal à l'aise, comme si ça ne lui appartenaît pas parce qu'iel ne se sent pas masculin. Iel aime porter du vernis à ongles, se maquiller, être vêtu d'une jupe et apprécie les couleurs dites pour fille . S

La dysphorie

  J e me sens parfois usurpatrice du deuil.  J'ai la chance d'avoir encore mon enfant, il n'a que changé de genre. Ça fait quand même toute une différence dans mon vocabulaire, dans mes souvenirs, dans notre relation.  Ma fille était d'une impatience incroyable, tout devait lui arriver à l'instant qu'elle le désirait, quitte à foute le trouble. Mon néo-fils est plutôt peinard, il ne cherche plus les ennuis, s'en éloigne même et est d'une patience que je n'ai jamais vu chez cet enfant. Ma fille était colérique, je disais à la blague lorsqu'elle était bébé qu'elle pognait les nerfs plus vite que son ombre! Comme si la rage de ne pas comprendre qui iel était vraiment sortait à la moindre occasion. Mon néo-fils est sage, calme, heureux, libre enfin. Ça fait une grande différence dans l'attitude au quotidien.       Cette image, malgré que violente, reflète parfaitement cette dualité vécu par Max. Cette dysphorie qui le tuait à petit feu. Je sa

Le dire

Jongler. Jongler avec les mots, avec les genres, avec les souvenirs. Faire de la gymnastique mentale, verbale. Jauger, juger. À qui je le dis, à qui je ne le dis pas, comment je le dis; en partie? en surface? en détail? Quand on parle du présent, c’est facile. Quand je parle avec des gens que je ne reverrai pas, c’est facile. Les amis proches, c’est facile. Famille proche, facile. La famille éloignée, pas vu depuis 20 ans, c’est complexe. À des funérailles, c’est délicat. - Ta fille va-t-elle venir? Qu’est-ce que je réponds… comment je le dis… Max ne peut pas y être malheureusement et donc ma fille ne viendra assurément pas mais le hic c’est que je n’ai plus de fille… donc, je les reprends? je leur explique? au complet? C’est parfois long, souvent complexe et là, ce n’est ni le lieu, ni le moment pour ça. Mais en même temps, je n’ai pas de fille. J’ai deux garçons. Ça ne me tente pas de faire comme si... ça ne me tente pas d’épargner au cas où… - Non, Max ne peut pas venir, il aurait

L'entourage

  Je suis consciente que mon fils a beaucoup de chance d'être né autour des années 2000, en Amérique du nord et précisément au Québec. Ça facilite grandement sa situation.  Je me souviens, quand j'ai découvert que Maya 12 ans,  était lesbienne en voyant sa photo de profil Facebook d'elle embrassant sa douce, j'ai eu une réaction un peu choqué sur le coup. Pas qu'elle aime les filles, mais que ma famille qui est aussi "ami Facebook" avec elle le soit et me fasse des représailles. Pis c'est pas arrivé.  Lorsque Maxim a été prêt à modifier son profil Facebook pour dire qui il était réellement, j'ai encore une fois anticipé la réaction des gens. On a convenue Max et moi d'écrire un message en privé et de l'envoyer à une majorité de gens important, amis et famille, pour préparer le terrain. Sur la trentaine de gens à qui on a partagé le message, je crois qu'une seul n'a pas réagi positivement, tous les autres n'avaient que des mots d

Les sobriquets

C'était facile, avant. J'avais une fille et un garçon. Ma fille préférée,  ma petite lala, ma nazelle, ma chérinette d'amourette à la face de PET! Tous ces petits surnoms affectueux qu'on donne à nos enfants. J'avais aussi mon fils préféré, mon bébé chat, mon loulou, mon zackaroune à la face de ragoune. J'en avais qu'un fils. Puis est arrivé mon deuxième fils que je ne pouvais plus appeler ma lala. Que je ne pouvais pas non plus appeler mon loulou puisque c'était pour l'autre. Dans mon défi du vocabulaire autour du genre, je devais également changer ces petits mots d'amours que l'on donne spontanément à nos bébés dès leur naissance. Maxim est né à 19 ans, disons que la spontanéité ne l'était pas tant. C'était déjà une gymnastique pour ne pas me tromper quand je m'adressais à lui mais dans les moments de sympathie, de douceur, de soutien, je n'y arrivais pas. J'ai donc choisi de prendre le temps d'apprivoiser les nouve

Le rituel

Un Blessingway est un rituel qui facilite les changements. Originalement, il est organisé pour célébrer la femme enceinte et l'enfant à naître. Lors de cet occasion, les convives sont invités à offrir une perle, pour fabriquer un bracelet collectif, accompagné d'une pensé spéciale pour la femme et l'enfant à naître. Lorsque la femme accouche, elle porte le bracelet pour l'aider dans son accouchement grâce au soutien de chacune des personnes qui ont contribué à le fabriquer. J'ai décidé de m'en inspirer pour organiser un Passingway, afin de célébrer l'éclosion de Maxim et dire au revoir à Maya, par une fête qui se voulait aussi rite de passage. Je me disais que personnellement, comme mère, j'avais vraiment besoin de ce moment pour faire la scissions entre mon passé avec ma fille et mon présent et futur avec mon néo-fils. Par contre, on s'entend que le bijoux n'avait pas sa place, j'ai donc invité les gens présents à se procurer un galet sur le

La culpabilité

Un cerveau ça réfléchi pas toujours en te demandant si c'est correct de penser ça. C'est pas rationnel. Ça va dans tout les sens pis arriver à maîtriser ses pensées, c'est tout qu'un apprentissage. Il y a 5 ans, alors que mon sentiment de culpabilité était encore bien présent et que l'annonce venait tout juste d'arriver, mes pensées allaient dans tout les sens. Pour ce qui va suivre, je dois faire une parenthèse. Âme sensible, ça peut vous brasser!  Quand j'étais au CÉGEP, j'ai eu comme coloc une amie que j'aimais beaucoup et avec qui j'étudiais aussi. Lors de mon retour de Vancouver, enceinte de 5 mois, cette amie a connue une fin tragique. Elle a été kidnappé, violé, battu à mort et décapité par 3 hommes. Je vous jure, j'ai failli accoucher drette-là tellement j'étais sous le choc. Peu de temps après, j'avais mon échographie. Lorsqu'on m'a annoncé que je portais une fille, j'ai eu un second choc! Un stress incontrôlable

Le prénom

Je crois bien que le deuil de ma fille a commencé avec l'annonce du prénom qu'il a choisi. Tsé, dans ma tête, le prénom est choisi par les parents.  J'ai mis tellement d'amour à choisir son prénom. Il est lié à une belle histoire. Son père et moi on s'était croisé à Vancouver. Il a continué son voyage vers le Mexique quand j'ai appris que j'étais enceinte. Je l'ai appelé Maya pour les peuples Mayas puisque son père était en voyage sur leur terre. De plus, il y a 24 ans, c'était plutôt rare comme prénom, ce qui me plaisait beaucoup. Le fait qu'il ne me consulte pas pour choisir son nouveau prénom m'a semblé comme un rejet. Le fait qu'il choisisse un prénom ultra familier, passe-partout même, a ajouté à mon sentiment de rejet. Ce qui m'était important de donner à mon enfant, un prénom unique et anecdotique, il l'écartait pour aller vers l'opposé, un prénom commun et sans histoire. Comme nous avons la chance d'avoir une belle

La réaction

Même si je voyais les allures garçonnes de mon enfant. Même si je la présentais comme ma fille Mario quand je voyais l'air incertain des gens qui nous observaient, question de briser le malaise avec humour. Même si je sais pertinemment que je n'ai rien à voir dans la réalité de mon aîné. Je me suis sentie coupable. Responsable de ne pas l'avoir fait comme il faut du premier coup. De ne pas avoir deviné ce qu'il vivait. De ne pas avoir trouvé soutient ni solution pour son mal être. Bref, d'avoir failli à mon rôle de mère. Mon enfant m'a vite rassuré en me répondant du tac au tac, après mes aveux ; Néo-fils : « Ben là maman, c'est parce que tu m'as fait et élevé comme ça que je suis capable de comprendre qui je suis aujourd'hui! » 💜

L'annonce

Le 6 janvier 2016, à 19 ans, mon aînée m'annonçait qu'elle avait enfin compris ce qui lui rendait la vie si pénible depuis tant d'années. Il était né dans le mauvais corps. Et du coup, tout s'expliquait! Cette quête identitaire qu'est l'adolescence, en partant, n'est pas de tout repos, quand en plus aucun repères ne se présentent à toi, ça complique la chose encore plus.  Bien sûr ma fille avait des allures de " Tom boy " ou de " butch " dans son langage, mais j'ai moi-même des allures et une attitude de " Tom boy " et mon identité de genre ne m'est pas problématique. Son orientation sexuelle était claire dès ses 12 ans ; les femmes. Ça ne m'a jamais ni dérangé ni questionné. Pourtant, cette révélation a littéralement transformé mon enfant. De réaliser qu'il était affligé d'une dysphorie du genre nous permettait de l'accompagner dans les défis à venir avec une perspective positive. Même s'il y a beauc