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La non-binarité

Mon abscence des derniers mois s'explique par une nouvelle adaptation. L'annonce de mon cadet de sa non-binarité.  D'abord, je voulais être certaine de bien intégrer toute la signifiation très nuancé de la non-binarité.  Pour Néo-fils, on est passé du noir au blanc plutôt facilement, changeant le "elle" pour le "il" ainsi que tout le reste du vocabulaire qualificatif. Sa personalité masculine très suggestive aide à faire cette transition puisque l'on a un homme devant soi, il devient donc évident d'en parler au masculin. Pour mon cadet, on est plutôt dans un arc-en-ciel de gris. De ce que j'en comprend, en ce moment, c'est que les aspects masculins de son corp - les sourcils, les biceps, la machoire - le rendent inconfortable, mal à l'aise, comme si ça ne lui appartenaît pas parce qu'iel ne se sent pas masculin. Iel aime porter du vernis à ongles, se maquiller, être vêtu d'une jupe et apprécie les couleurs dites pour fille . S
Articles récents

Le rituel 2

À l'été 2017, j'ai entrepris de faire le tour du Québec. Travaillant à l'époque dans le milieu des microbrasseries, j'ai parcourue 3600 km, en partance de Montréal dans le but d'en visiter le plus possible. Je me suis d'abord rendu au Saguenay Lac St-Jean où j'ai visité Chicoutimi, Jonquière, St-Gédéon, Alma, St-Félicien et Dolbeau-Mistassini. Après en avoir fait le tour, j'ai poursuivi mon périple en passant par Tadoussac, pour me rendre à Baie-Comeau. J'ai ensuite pris le traversier pour Matane puis traversant Ste-Anne-des-Monts et Gaspé j'ai roulé jusqu'à Percé. C'est là que j'ai accompli mon deuxième rituel. Ce pèlerinage n’avait pas pour but que de visiter le plus de microbrasseries possible. Certes j’y allais pour faire des rencontres, voir mes amis à travers cet itinéraire, mais j’avais surtout un deuil à célébrer. Pendant mon roadtrip je me préparais à honorer mon aîné. 22 ans auparavant, j’étais à Tofino. Voyage formateur de

L'humilité

Il y a cinq ans tout juste, je participais au coming out de Maxim. Pour l'occasion, j'avais confectionné et publié un mème qui avisait notre communauté Facebook du changement chez mon aîné. Il était fin prêt à s'affirmer comme garçon et devait passer par l'étape de "changement de genre" sur l'application. Comme il ne vouait pas devoir répondre 100 fois la même chose et qu'il savait que beaucoup de membres de la famille allaient en être curieux, voici ce que j'avais créée pour l'occasion. Je remarque, 5 ans plus tard, que mon vocabulaire était encore en adaptation. Moi qui aujourd'hui insiste pour que les gens respectent la nuance que j'ai expliqué dans mon texte La façon , je ne la maîtrisais pas encore au début de cette transition.  Ce que ça me dit c'est qu'informer les gens, c'est important, mais respecter leur rythme d'adaptation aussi.

La façon

Mon fils est né dans le mauvais corps.  - Ta fille veut devenir un garçon?  Non Mon fils est né dans le mauvais corps.  C'est pas la même chose. C'est une nuance importante. Ça peut sans doute être compliqué pour bien des gens, mais c'est ça. Je n'ai pas une fille qui veut devenir un garçon. Ce n'est pas une lubie ni une mode passagère ou une recherche d'attention. Ça ne va pas passer. Ce n'est pas de sa faute ni de la mienne.  C'est plus profond que ça. C'est intrinsèque. C'est vraiment un garçon, un homme maintenant. Son attitude, sa démarche, ses geste, sa façon de parler, de rire, de péter. S't'un gars. Y a rien de féminin dans mon enfant.  C'est rendu important pour moi de le dire de cette façon. D'insister pour que ce soit compris comme tel.  Les psychologues amateurs de la masse populaire ont souvent envie de trouver une raison pour expliquer quelque chose qui ne comprennent pas. Pour nier les faits et les réduire à du supe

La méconnaissance

Ma méconnaissance, ma naïveté sans doute, n'empêche, je l'ai pas vue v'nir, pas à ce point là. Pourtant, des signes, y en a eu, en voici un que grâce au recul, je vois maintenant clairement. Maya avait environs 14 ans. On est allé magasiner pour le kit du temps des fêtes. Dans la famille, faut bien paraître, surtout dans le temps des fêtes. Elle me demande d’aller dans une boutique de vêtements masculins. Moi, tant que ma fille est heureuse, ça ne me dérange pas. On se rappel, ma fille a des allures garçonnes, jamais je la forcerais à porter une robe si elle n'en a pas envie. Elle choisi donc une chemise d’un mauve pâle presque lilas qu'elle agence d’une cravate dans les mêmes tons, mais plus foncée. Un pantalon d’habit gris foncé et un débardeur en tricot de la même couleur avec des motifs en losange en deux tons de violet complète le kit.  Elle sors de la cabine avec un sourire grandiose. Même la cravate est bien nouée. Elle devine à mon visage incrédule que je me

Les malaises

Quand je suis en groupe, je ne penses pas toujours "qui sait, qui ne sait pas..." et comme je vous ai mentionné, je parle au passé de Maya et au présent et futur de Max. Comme si j'avais 3 enfants en fait, alors que j'en ai que 2. Ça peut prêter à de la confusion et de l'interprétation dans le groupe pour "ceux qui ne savent pas" En voici un exemple : Je suis en train de parler de mes enfants avec des amis et des connaissances. Y en a qui savent, d'autre pas. Un n'a pas d'enfant, l'autre a une fille adolescente, une a deux fille d'âge scolaire et moi je parle de mes deux fils adultes ; Max et Isaac... On jase d'aujourd'hui comment j'aime avoir des enfants adultes, mon ami qui a une fille jeune ado parle de comment il aime cette étape, et l'autre qui sont plus jeunes exprime qu'elle trouve ça difficile, et le dernier a hâte d'en avoir. On parle de quand ils étaient petits. Pis là je raconte une anecdote sur ma

La scission

J'ai longtemps eu de la difficulté à faire la scission entre le avant et le maintenant. Dix-neuf ans de souvenirs ça ne se transforme pas facilement. En fait j'en ai encore et je crois que je n'y arriverai jamais.  J'ai bien essayé de parler de Maxim quand il avait 4 ans, mais je ne l'ai pas connu. Comme je l'ai mentionné, même si la personnalité est resté la même, iels sont totalement différents dans leurs attitudes et réactions.  Celle que j'ai connue enfant c'est Maya, c'est elle qui partage mes souvenirs. Comment elle prenait sa place, comment elle abordait les gens, comment elle aimait faire des spectacles, qu'on sache qu'elle était là. Puis l'adolechiance est arrivé. Celle qui confrontait, celle qui revendiquait, qui bousculait, encore celle qui faisait des spectacles mais plutôt provoquant. Celle aussi qui trouvait exutoire (de son incompréhension de qui iel était, sûrement) dans la drogue, dans les amies, dans l'abandon de l&#

La dysphorie

  J e me sens parfois usurpatrice du deuil.  J'ai la chance d'avoir encore mon enfant, il n'a que changé de genre. Ça fait quand même toute une différence dans mon vocabulaire, dans mes souvenirs, dans notre relation.  Ma fille était d'une impatience incroyable, tout devait lui arriver à l'instant qu'elle le désirait, quitte à foute le trouble. Mon néo-fils est plutôt peinard, il ne cherche plus les ennuis, s'en éloigne même et est d'une patience que je n'ai jamais vu chez cet enfant. Ma fille était colérique, je disais à la blague lorsqu'elle était bébé qu'elle pognait les nerfs plus vite que son ombre! Comme si la rage de ne pas comprendre qui iel était vraiment sortait à la moindre occasion. Mon néo-fils est sage, calme, heureux, libre enfin. Ça fait une grande différence dans l'attitude au quotidien.       Cette image, malgré que violente, reflète parfaitement cette dualité vécu par Max. Cette dysphorie qui le tuait à petit feu. Je sa

Le dire

Jongler. Jongler avec les mots, avec les genres, avec les souvenirs. Faire de la gymnastique mentale, verbale. Jauger, juger. À qui je le dis, à qui je ne le dis pas, comment je le dis; en partie? en surface? en détail? Quand on parle du présent, c’est facile. Quand je parle avec des gens que je ne reverrai pas, c’est facile. Les amis proches, c’est facile. Famille proche, facile. La famille éloignée, pas vu depuis 20 ans, c’est complexe. À des funérailles, c’est délicat. - Ta fille va-t-elle venir? Qu’est-ce que je réponds… comment je le dis… Max ne peut pas y être malheureusement et donc ma fille ne viendra assurément pas mais le hic c’est que je n’ai plus de fille… donc, je les reprends? je leur explique? au complet? C’est parfois long, souvent complexe et là, ce n’est ni le lieu, ni le moment pour ça. Mais en même temps, je n’ai pas de fille. J’ai deux garçons. Ça ne me tente pas de faire comme si... ça ne me tente pas d’épargner au cas où… - Non, Max ne peut pas venir, il aurait

L'entourage

  Je suis consciente que mon fils a beaucoup de chance d'être né autour des années 2000, en Amérique du nord et précisément au Québec. Ça facilite grandement sa situation.  Je me souviens, quand j'ai découvert que Maya 12 ans,  était lesbienne en voyant sa photo de profil Facebook d'elle embrassant sa douce, j'ai eu une réaction un peu choqué sur le coup. Pas qu'elle aime les filles, mais que ma famille qui est aussi "ami Facebook" avec elle le soit et me fasse des représailles. Pis c'est pas arrivé.  Lorsque Maxim a été prêt à modifier son profil Facebook pour dire qui il était réellement, j'ai encore une fois anticipé la réaction des gens. On a convenue Max et moi d'écrire un message en privé et de l'envoyer à une majorité de gens important, amis et famille, pour préparer le terrain. Sur la trentaine de gens à qui on a partagé le message, je crois qu'une seul n'a pas réagi positivement, tous les autres n'avaient que des mots d