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Le prénom

Je crois bien que le deuil de ma fille a commencé avec l'annonce du prénom qu'il a choisi. Tsé, dans ma tête, le prénom est choisi par les parents. J'ai mis tellement d'amour à choisir son prénom. Il est lié à une belle histoire. Son père et moi on s'était croisé à Vancouver. Il a continué son voyage vers le Mexique quand j'ai appris que j'étais enceinte. Je l'ai appelé Maya pour les peuples Mayas puisque son père était en voyage sur leur terre. De plus, il y a 24 ans, c'était plutôt rare comme prénom, ce qui me plaisait beaucoup.

Le fait qu'il ne me consulte pas pour choisir son nouveau prénom m'a semblé comme un rejet. Le fait qu'il choisisse un prénom ultra familier, passe-partout même, a ajouté à mon sentiment de rejet. Ce qui m'était important de donner à mon enfant, un prénom unique et anecdotique, il l'écartait pour aller vers l'opposé, un prénom commun et sans histoire.

Comme nous avons la chance d'avoir une belle communication, honnête et sans détour, quand je lui ai dis comment je me sentais, il m'a expliqué pourquoi il avait choisi ce prénom ;

Néo-fils : « Je vais maintenant commencer une transformation qui va provoquer le regard et le jugement des autres encore plus qu'avant. Le fait d'aller vers un prénom familier va diminuer l'attention que je vais recevoir et donc mon sentiment d'être hors-norme. En plus, je souhaitais garder les même initiales, ce qui limitait le choix. »

Comme il est sage, réfléchi et sans aucune intention de me rejeter. Aller valider et nommer notre inconfort est vraiment important quand notre famille vie de grands changements.



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